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Lucille Desjonquères : Réinventer le leadership féminin par l’investissement

Lucille Desjonquères, pionnière de la parité en entreprise et fondatrice de Leyders Associates, explique comment l’investissement en startups transforme le leadership féminin et ouvre de nouvelles voies d’émancipation professionnelle.

En 2025, un constat s’impose avec une amertume persistante : malgré des décennies de lutte pour l’égalité, les femmes dirigeantes continuent de se heurter à des plafonds de verre invisibles mais tenaces. Lucille Desjonquères, forte de 25 années d’expérience dans la chasse de têtes et fondatrice de Leyders Associates, a développé une vision révolutionnaire : l’investissement en startups comme catalyseur d’une transformation profonde du leadership féminin.

L'état des lieux : des défis persistants malgré les avancées

« Les femmes sont fortes,multitâches, intelligentes et travailleuses. 

Le fait de devoir les reconnaître par des quotas en 2025 est illogique », déplore Lucille Desjonquères. 

Cette frustration légitime reflète une réalité complexe : malgré les lois successives, de la Copé-Zimmermann à la future directive européenne « Women on Board », les mentalités évoluent lentement.

La preuve en est que de nouveaux quotas en faveur de la féminisation des comités exécutifs ont vu le jour avec la loi Rixain qui sera effective en 2027 avec 30% de femmes attendues autour des tables de direction et 40% en 2030 pour toutes les stés de plus de 1000 salariés.

La Loi Copé Zimmermann qui aurait dû ruisseler naturellement en verticalité vers les directions opérationnelles n’a pas reçu le succès escompté. Pourquoi ?

“Tout simplement parce qu’il y a deux plafonds verre celui des Comités d’Administration et celui des Comités Exécutifs.”

Il faut donc passer au forceps des quotas en tentant d’éviter les biais et les phrases du type :

“Je suis d’accord pour engager des femmes mais seules les compétences ont grâce à mes yeux”

Alors pourquoi tant de femmes expérimentées, brillantes et dotées d’expériences internationales significatives ne sont-elles jamais appelées ?

Parce que le monde n’est pas encore prêt à les accueillir malgré des progrès observés

Tout est lent et tout est trop long martèle Lucille Desjonquères.

 

La directive « Women on Board » qui « deviendra effective en juin 2026 et exigera 40% de femmes dans les conseils d’administration de l’ensemble des  groupes cotés de plus de 50 millions de chiffre d’affaires et 250 salariés » témoigne de cette nécessité persistante d’intervention réglementaire.

A noter que cette loi a été plusieurs fois rejetée avant d’être enfin adoubée en 2022.

Lucille Desjonquères qui a conçu depuis 14 ans une base de données de profils féminins français et internationaux éligibles pour les Comités d’Administration  a décidé d’être incontournable pour les sociétés Européennes qui souhaitent se mettre en conformité.

Grâce à l’IA, elle parvient à entrer en contact avec les présidents des comités de nomination ou CEO concernés pour rassembler l’offre et la demande et s’inscrire dans un rôle de facilitatrice.

“Quels sont les dirigeants de ce niveau qui ont le temps de lire des dizaines de cv pour en recevoir dix et en retenir deux ?” Commente-t-elle.

Plus troublant encore, « les femmes qui ont obtenu des certifications d’administratrice n’ont pas été appelées ». Cette réalité révèle que la compétence technique ne suffit pas à franchir les barrières culturelles et structurelles. « La féminisation des instances de gouvernance reste difficile, les entreprises privilégiant souvent la cooptation et de ce fait peuvent se priver de  compétences attendues et nécessaires ”, observe Lucille Desjonquères.

Les études démontrent que seuls 10% des cabinets d’approche directe en France  obtiennent des mandats de recherche d’administrateur/trices.

Plus récemment le volte face imposé par les Etats Unis face aux sujets d’inclusion, de diversité et de parité génère même des reculs inquiétants  d’intégration de profils féminins.

Ces évolutions contradictoires renforcent l’urgence de trouver des solutions alternatives.

L'investissement comme vecteur de liberté d'action

Face à ces blocages systémiques, Lucille Desjonquères propose une approche radicale : « L’entrepreneuriat féminin et l’investissement sont des solutions pour les femmes, leur offrant une liberté d’expression et d’action ». Cette vision transforme l’investissement en startups en un acte d’émancipation professionnelle.

Cette approche répond à une évolution remarquable des mentalités féminines. « Il y a trois ans, les femmes n’étaient pas  réceptives à l’idée de se lancer dans l’investissement , mais maintenant elles sont très séduites par l”idée, constate-t-elle. Cette motivation naît de la compréhension progressive que les voies traditionnelles d’accès au pouvoir restent limitées.

L’investissement en startups offre une alternative séduisante : Il permet aux femmes de vivre l’entrepreneuriat par procuration et d’intégrer des boards, ce qui est souvent une exigence pour obtenir des mandats d’administratrice ». Cette stratégie contourne les réseaux traditionnels masculins, leur apporte le passeport  du rôle d’administratrice en leur facilitant ainsi l’accès à d’autres mandats.

Le développement du leadership : un préalable essentiel

L’investissement en startups ne se limite pas à une transaction financière. Il exige un développement personnel profond. « Je conseille aux femmes dirigeantes, mais aussi aux hommes, de travailler leur leadership pour mieux communiquer, convaincre clients et investisseurs, et devenir de meilleurs managers à distance  préconise Lucille Desjonquères.

Cette dimension humaine du leadership constitue un atout distinctif féminin. Contrairement aux approches traditionnelles focalisées sur l’autorité, les femmes privilégient « des situations gagnant-gagnant sur le plan humain plutôt qu’une approche purement financière ».

“Jamais les soft skills n’ont revêtu autant d’importance” souligne Lucille Desjonquères et c’est une excellente chose car ils permettent ainsi aux personnalités de s’imposer et de s’affirmer.

L’expérience personnelle de Lucille Desjonquères illustre cette transformation. Malgré sa « timidité initiale », elle est devenue une figure médiatique, « sollicitée par les journalistes et assumant un rôle de lobbyiste ». Cette évolution démontre que « la timidité et le besoin de développement du leadership ne sont pas spécifiques à un genre ».

Comme elle aime le dire : les montagnes s’escaladent à partir du moment où nous sommes portées par  un projet et plus encore par un engagement.

L'importance de l'intuition et de l'audace

Dans cette démarche de transformation, Lucille Desjonquères encourage les femmes à « oser et à écouter leur intuition dans leurs décisions, car elles ont peu à perdre ». Cette invitation à l’audace contraste avec les comportements traditionnellement prudents attribués aux femmes.

Il est important de sortir de sa zone de confort affirme t-elle car l’enrichissement obtenu par cette attitude deviendra le terreau de la confiance en soi à travers des actes.

L’intuition féminine, souvent déconsidérée dans le monde des affaires, trouve dans l’investissement startup un terrain d’expression privilégié. L’écosystème startup valorise l’innovation, la prise de risque et les approches non conventionnelles, autant de qualités que les femmes peuvent développer.

Les verticales métiers : des opportunités sectorielles

Certains domaines offrent des opportunités particulièrement favorables aux femmes dirigeantes. Les fonctions RH, par exemple, « sont stratégiques pour les startups en croissance, offrant une opportunité notable pour les femmes dans un domaine où il y a moins d’hommes spécialisés ».

Cette spécialisation sectorielle permet aux femmes de valoriser leur expertise tout en contribuant au développement des startups. La communication, autre domaine de prédilection féminine, représente également un levier stratégique dans l’écosystème startup.

Ces verticales métiers moins recherchées dans les Conseils d’Administration des groupes créent des niches d’excellence où les femmes peuvent développer leur leadership sans subir la concurrence directe des réseaux masculins traditionnels.

L'écosystème Leyders Associates : un accompagnement global

Consciente de ces enjeux, Lucille Desjonquères a développé chez Leyders Associates un écosystème complet d’accompagnement. Le cabinet « apporte aux startups des investisseurs et investisseuses et accompagne les équipes et les dirigeants » dans leur développement.

Cette approche holistique reconnaît que « l’importance pour les dirigeants de muter avec la croissance de leur entreprise ». L’accompagnement ne se limite pas à la mise en relation : il inclut le développement du leadership, la préparation aux responsabilités d’administratrice et le soutien dans la transformation personnelle.

L’offre s’étend également à professionnaliser, structurer, former des commerciaux par une approche « Sales 4.0 » qui jumelle IA et l’humain. »

“Dans une dynamique de transformation nécessaire des organisations et dans un monde ou les commerciaux « chasseur » très recherchés sont trop peu nombreux, nous nous attelons à les créer”.

Sans force de vente qualifiée, la croissance attendue ne sera jamais au rendez-vous constate Lucille Desjonquères.

La dimension humaine de l'investissement

L’approche féminine de l’investissement se distingue par sa dimension relationnelle. « Les startups ont tout à gagner à avoir des profils féminins actionnaires présentes aux tables des décisions, car elles  apportent leur expertise, leurs multiples compétences, leur forte capacité de travail, leurs réseaux , leur intuition, leur complémentarité, et leur engagement », explique Lucille Desjonquères.

Cette contribution dépasse largement le capital financier. Ces femmes dirigeantes présentes en  France et en dehors de nos frontières peuvent notamment aider les startups à cibler des marchés étrangers grâce à leurs contacts internationaux et pouvoir de persuasion pour des jetons de présence tout à fait raisonnables. Cette générosité contraste avec les approches purement financières.

L’engagement personnel des femmes investisseuses crée une dynamique vertueuse. Leur implication dans la gouvernance transforme les startups en laboratoires de nouveaux modèles de leadership, plus inclusifs et collaboratifs.

L'importance de l'expertise et de l'accompagnement

Dans cette démarche de transformation, le recours à l’expertise externe s’avère crucial. « Le recrutement n’est pas un poste où il faut économiser, car le succès de la réussite repose sur la qualité et complémentarité des collaborateurs.

Nombreuses sont les start up qui ont échoué pour avoir négligé les recrutements dans  la précipitation des obtentions financières.

Souvenons-nous des erreurs commises dans les années 2000 et tâchons de ne pas les rééditer car se sont des économies qui peuvent coûter très cher.

Il  faut faire confiance aux experts comme les chasseurs de têtes », insiste Lucille Desjonquères, fondatrice également d’une offre premium dédiée aux start up qui remporte un  vif succès.

Cette philosophie s’applique à tous les aspects de l’investissement. Les femmes dirigeantes, souvent perfectionnistes, doivent apprendre à déléguer et à faire confiance aux experts pour maximiser leurs chances de succès.

Les avantages fiscaux : un levier d'optimisation

L’investissement en startups bénéficie de dispositifs fiscaux attractifs qui renforcent son attractivité. Le statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI) « offre une déduction de 30% ou 50% pour les JEI de recherche, ainsi que l’IR-PME qui permet une déduction de 18% ».

Ces mécanismes de défiscalisation, complétés par les PEA & PEA-PME avec « un taux d’imposition réduit à 17% sur les gains », optimisent les rendements. Le dispositif 150-0 B ter du code général des impôts « permet un report de fiscalité pour les dirigeants réemployant des fonds issus de la cession d’une entreprise dans de nouvelles structures ».

L'attractivité de l'écosystème startup

L’agilité des startups constitue un atout majeur pour attirer les talents féminins. Contrairement aux grands groupes, elles « attire les talents des grands groupes, lassés par les processus lourds ». Cette dynamique crée un environnement propice à l’innovation et à la créativité.

L’écosystème startup valorise les compétences plutôt que les diplômes, la performance plutôt que l’ancienneté. Cette méritocratie relative offre aux femmes dirigeantes un terrain de jeu plus équitable que les structures traditionnelles.

Un modèle reproductible et inspirant

L’exemple de Corinne L. illustre parfaitement cette transformation. Son investissement a permis de développer une crédibilité auprès des startups et d’acquérir une nouvelle clientèle dans le conseil ». Cette réussite démontre la viabilité du modèle et sa reproductibilité.

Vers une révolution du leadership féminin

L’investissement en startups représente bien plus qu’une diversification patrimoniale. Il constitue un catalyseur de transformation personnelle et professionnelle. Les femmes dirigeantes qui franchissent ce pas développent une confiance en soi, leur capacité créatrice, une agilité décisionnelle et une liberté retrouvée.